Les doutes

Suite à l’effondrement de notre rêve américain, nous nous sommes rendus à l’évidence : un ovule de Zazounette + un spermatozoïde de Zazounet ne donne pas de bébé à la fin. Ça donne de l’amour, de l’espoir, un début de grossesse, même plusieurs… mais ça finit toujours mal.
Si on veut devenir parents un jour, il nous faudra un don.

Alors nous nous sommes résignés. Nous avons pris rdv à la clinique conseillée par Hope, nous sommes allés à ce rdv et nous avons fait tous les examens demandés (je ne comprends même pas qu’il y ait encore quelque chose qu’ils ignorent dans mon sang après 7 ans de PMA, mais il existe encore des analyses que je n’avais pas encore fait !!)

Ce sera un don d’ovocyte puisqu’il a été démontré qu’il existe des échanges entre une mère porteuse et l’enfant qui grandit en elle. Ce sera un don d’ovocyte puisque la mère participe pleinement à la conception de l’enfant avec la grossesse et l’accouchement. Ce sera un don d’ovocyte puisqu’on ne sait pas qui, de l’ovocyte ou du spermatozoïde, est le problème. Ce sera un don d’ovocyte puisque mes ovocytes commencent à dater et que des bons ovocytes tout frais seront de meilleurs augures. Ce sera un don d’ovocyte.

7 ans de traitement de PMA, des dizaines d’heures dans les salles d’attentes, des centaines de piqures, des milliers d’hormones, des litres de sang (prélevés ou écoulés), une quantité inimaginable d’écho endochattales… et on ne veut pas de mes ovocytes ?? Et on me dit qu’on se passera bien volontiers de mes gènes ?

Je ne suis pas exceptionnelle, loin de là (quoi que…) mais ça n’en reste pas moins dur à encaisser. Mes défaut me manqueront presque plus que mes qualités : où sera on nez un peu présent ? Où sera mon menton un peu fuyant ? Où seront mes immenses cils que je tiens de ma mère ? Que je tiens de ma mère….
Que. Je. Tiens. De. Ma. Mère.

Le deuil d’un enfant de l’amour a été fait, le deuil d’un enfant de l’insémination a été fait, le deuil d’un enfant issu de FIV a été fait, le deuil d’une grossesse a été fait (mais j’ai dû y revenir puisque les résultats du DPI sont nullissimes, je vais donc devoir me taper les nausées, les hémorroïdes et les douleurs de l’accouchement, chouette !) , le deuil d’un enfant miracle a été fait.
Il faut maintenant faire le deuil de mes gènes, de tout ce qui me définit scientifiquement, de mon ADN…

Je sais bien que l’humain est plus que ça, que l’innée et l’acquis… blah blah… et qu’ils auront mes mimiques et mes expressions et gnagnagni et gnagnagna… mais il n’empêche, c’est dur.
Je sais que je n’ai pas le choix. Je sais que je veux être mère. Je sais que c’est le prix à payer. Je sais que j’aimerai mes enfants plus que tout au monde et que j’essaierai d’être la meilleure mère pour eux.
Mais là, à cet instant, avant que l’enfant ne sois là, avant même que la clinique n’ait trouvé une donneuse (qui, j’en suis sûre, sera parfaite), là, maintenant, tout de suite : je doute. Je suis triste. J’ai peur.

Mon ego est-il démesuré ? Mon narcissisme m’empêche-t-il de voir les merveilleuses chances qui s’offrent à nous ? Est-ce normal de douter ?

Et vous ? Comment avez-vous fait pour surmonter ça ?

19 réflexions sur “Les doutes

  1. Je n’ai pas eu recours au don d’ovocytes mais j’ai tenté de donner les miens et me concernant ce n’était même pas de l’ADN, juste une « cellule ». Tu retrouveras dans ton petit tes expressions, tes manies, tes mimiques, tes tics de langage… et aussi ses petites particularités à lui/elle 🙂 Comme pour tous les petits.
    Bon courage, je ne cherche pas à minimiser, je comprends que cela fasse malgré tout beaucoup à encaisser après tout le reste

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    • Coucou miliette ! Je me souviens de ton épopée pour le don (malheureux) de tes ovocytes et tu m’avais impressionnée par ta générosité ! Après toutes ces années se pma, avoir le courage de retourner au combat pour d’autres ! C’était épatant !
      Merci pour ton soutien.
      BiSous.

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  2. Salut !
    Je ne serai certainement pas aussi aguerrie que celles qui sont devenues mères par cette voie, pour t’apporter des réponses à ces interrogations. Mais j’ai déjà amorcé une réflexion sur la manière dont je pourrais appréhender le don d’ovocyte si le parcours classique en cours n’aboutissait pas (pas tant que je sois une grande optimiste, mais la question s’est invitée assez rapidement dans mon esprit lors de la découverte d’un souci génétique). Et du coup, ton billet me parle.
    Alors, oui, de ce que je lis ici et là, il semble normal et plutôt commun de douter chez celles qui s’engagent dans cette voie.
    Je comprends la peur de ne pas transmettre certaines qualités physiques auxquelles on est attachées. Mais au fond, on peut aussi se dire que tout cela n’est qu’une grande loterie ? Un enfant issu de ses propres gamètes peut aussi être moche et bête comme ses pieds si on n’a pas de chance et qu’il hérite de certaines caractéristiques familiales dont on se serait bien passé. Tu n’as pas une vieille grande tante qui traine dans ta famille à qui tu ne voudrais surtout pas que ton enfant ressemble ? (parce que notre phénotype n’exprime qu’une partie de nos gènes, hein, mais je ne t’apprends rien je pense). Et du coup, ce sont aussi des angoisses qui peuvent rejoindre celles de grossesses plus classiques, en ce sens.
    Voila, ce n’est qu’une petite contribution à une réflexion qui comporte des ramifications bien plus complexes. Notamment quand tu évoques ta mère, et ce que tu ne transmettras pas d’elle, à ton tour… c’est une autre démarche de réussir à résoudre différemment ces « dettes de vie », et c’est un cheminement qui me semble douloureux. Quant à ce que tu évoques de ces années de combat, c’est l’expression d’une forme de lassitude que malheureusement nous ne comprenons que trop bien…
    Je ne doute pas, en tout cas, que tu trouveras sur la blogo, des témoignages qui te permettront d’affronter ces questionnements. Et je t’envoie du courage pour ce parcours, et des voeux de bonheur. Bises

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    • Chère Calihope, je te remercie infiniment pour ta réponse si juste et joliment exprimée. J’ai effectivement une tante moche et méchante et je suis bien contente que ma descendance y échappe 😁. J’espère que ma donneuse aura une famille parfaite, digne des contes de fées 😉
      Je te remercie aussi de m’avoir invitée à lire ton blog.
      Je t’embrasse. À bientôt.

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  3. Je me pose les mêmes questions que toi en ce moment, car les probabilités d’y avoir recours sont de plus en plus grandes de notre côté.

    Je pense que tes doutes sont tout à fait normaux, ce n’est pas du narcissisme. Ou plutôt bien évidement c’est une blessure narcissique de ne pas pouvoir avoir d’enfant avec ses propres gênes. Mais ça ne fait pas de tout une personne narcissique ou égoïste. Juste humaine.
    Il faut du temps pour accepter tout cela.

    Et puis parfois je me rappelle que la génétique joue aussi des tours même à ceux qui ont la chance de pouvoir transmettre leurs gênes. Je pense à ma sœur qui est la seule blonde à la peu claire de la famille alors qu’on est tous brun (limite typé espagnol, sans en avoir les origines), on dirait que c’est la fille du facteur.
    Je pense à ma belle-mère, à qui on demande sans cesse si ses enfants sont adoptés, car elle est blonde aux yeux bleus, mais a eu ses enfants avec un latino, et la génétique a fait qu’ils aient pris en apparence les gènes latinos.

    Et je pense à ces familles qui ont eu recours au don, ou ont adopté, mais les gens voient en ces enfants sans cesse des ressemblances physiques avec les parents, alors qu’ils n’ont pas les mêmes gènes.

    Tout ça pour essayer d’apporter un peu de positivité et pour dire que les gênes ça ne fait pas tout fort heureusement 🙂
    (j’espère garder cette positive attitude^^)

    Et pour se rassurer, je pense que le mieux est de parler à celles qui y ont eu recours, c’est certain ! (en même temps c »st ce que tu cherches à travers cet article ^^)

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    • Nirnaeth, je te remercie pour ton doux message ! Je suis totalement d’accord avec toi sur le principe des caractéristiques physiques mais c’est quand même dur de se dire que ce sont les gènes d’une autre meme si l’idée chemine petit à Petit.
      Encore merci pour ton soutien et bises à ton facteur 😉

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  4. Ma jolie Zazounette, l’idée du don ne m’a jamais posé trop de problème et pourtant, les semaines qui ont suivi la prise de décision officielle, j’ai ressenti comme un immense vertige, un immense vide. J’ai fini par aller voir une psy spécialisée en infertilité et en don et je suis ressortie du rendez-vous apaisé. Je pourrais te donner les coordonnées en MP si tu le souhaites.
    Je ne te trouve ni narcissique ni égoïste, juste profondément humaine. Il y a plusieurs deuils à faire avant de vivre sereinement le don. Je n’en avais personnellement pas pris toute la mesure avant de le vivre. Je t’embrasse ❤

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    • Ma chère psychota, je te remercie beaucoup pour ton gentil message et je suis vraiment tres contente pour toi et l’issu de tout ça. En espérant bientôt prendre le même chemin bien sûr !
      J’ai aussi été voir la fameuse psy du don de hope (j’imagine que c’est La meme). Elle nous a fait parlé mais j’avais surtout l’impression que c’était une « pub pour le don » puisqu’elle a elle meme eu des enfants par don. Et je n’osais pas vraiment dire ce qui me chiffonnait pour ne pas La blesser elle meme… en tous cas, ce n’était pas tres concluant même si elle a été d’une extrême gentillesse.
      Gros bisous

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      • Je ne sais pas si c’est la même car je n’avais pas demandé conseils à Hope sur ce coup-là. Celle que j’ai vu avait eu sa fille après un long parcours France/Espagne/RT, mais heureusement à aucun moment je n’ai ressenti qu’elle me poussait ou faisait la promo du don.
        Si tu ressens l’envie de discuter de tout ça n’hésites pas (psychotipsychota@gmail.com). Les psy, c’est bien, mais parfois les copinautes PMettes c’est mieux 😁

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  5. J’ai beaucoup dégusté psychologiquement l’année dernière lorsqu’il a fallu se préparer au don d’ovocytes. Tu peux retrouver mon questionnement et mon cheminement sur mon blog (articles d’avril à septembre 2017).
    Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas une décision anodine et comme tu l’expliques, c’est bien un deuil supplémentaire. Et quand ça fait des années qu’on digère des déconvenues, des échecs, qu’on se mange des baffes, il est normal de se poser la question de la limite du supportable…
    Je pense fort à toi 💙
    Gros bisous et surtout, laisse-toi le temps… Certaines choses en demandent plus que d’autres… 😘

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  6. Ton cheminement est tout à fait normal. On doit faire le deuil d’un bébé conçu comme tout le monde dans tous les sens du terme, de À à Z. Et ça pince de se dire que l’on ne connaîtra par la couleur des fruits de notre amour…
    Et pourtant, même si parfois ça me serre un peu quand les gens cherchent des ressemblances, mes enfants sont les miens. Je ne pense quasi jamais au don et je l’oublie très souvent. Et quand bien même j’ai maintenant un bébé issu de mes gamètes, je me rends compte que ça ne change rien, car comme tu l’as écrit, on les porte, on les met au monde et ça dépasse totalement le reste.
    On peut en parler en off si tu le souhaites….
    J’imagine que tu es chez I.. au pays des tapas?
    Je t’embrasse bien fort 😘

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  7. Bonjour, je suis maman d’un petit garçon issu d’un DO en République Tchèque; Il a presque 4 ans et toutes les questions que je me posais sur le don et la filiation se sont complétement envolées à sa naissance même si je n’oublie pas d’où il vient et que nous ne l’occulterons pas quand viendrons les questions de « comment on fait les bébés ! » ;
    Dès sa naissance, je lui ai raconté que mes graines à bébé étaient malades et que j’ai du aller dans un pays où une gentille dame/fée m’a donné une mini-graine pour que je la fasse pousser dans mon ventre avec la graine de son papa; J’ajusterai ensuite l’histoire en fonction de son age et des ses demandes.
    Pour être franche, plus le temps passe plus nous avons tendance à oublier le don; Certes ce ne sont pas mes gamètes mais j’ai porté mon fils dans mon ventre, nous avons vécu des échanges in utéro pendant 9 mois et mon amour pour lui est une évidence ! En ce qui me concerne le fait d’avoir vécu 9 mois de grossesse m’a permis de lever tous les questionnements quant au don; Les gamètes ne sont pas des personnes, pas des embryons mais juste des cellules ; C’est parce-que notre amour et notre désir d’enfant était tellement fort que nous avons entrepris ces démarches et que ces gamètes se sont croisées pour grandir en moi sans cela ces gamètes ne se seraient probablement jamais croisées ; En cela je trouve que cela renforce le rôle du couple et de l’amour dans la construction de l’enfant puisque c’est une volonté tellement forte qui préside à sa conception !
    Par ailleurs, il semblerait que des échanges génétiques se fassent aussi in utéro ; Je crois que c’est l’épigénisme et en ce qui me concerne ce que je trouve le plus incroyable dans notre histoire c’est que mon fils me ressemble énormément physiquement alors que nous sommes sensés ne pas avoir de gènes en commun !
    La PMA est un parcours ardu, injuste et incertain mais il permet aussi une vraie réflexion sur le désir d’enfant, la vie sans enfant, le deuil de ses gènes…et après avoir traversé toutes ces épreuves quand on a la chance de ressortir de ce parcours avec un enfant dans les bras le bonheur est encore plus grand et vient apaiser tous ces questionnements même si on reste marqué au fer rouge par ce parcours long et ardu (5 ans en ce qui nous concerne, 5 fiv en France…HORRIBLES et la fiv DO de la win en RT ) !
    Je vous souhaite le meilleur dans votre parcours !

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    • Bonjour Claire,
      Je te remercie infiniment pour ton commentaire. Il est rassurant et enveloppant…
      il y a tant de questions qui seront simplement balayées par l’amour et le quotidien…
      je te souhaite beaucoup de bonheur. Et encore merci !

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